vendredi 12 septembre 2014

Qu'est-ce que c'est que ça ?




Aucune idée ?
Bon, allez, je vous donne un indice : 



jeudi 11 septembre 2014

Goûters contés, "le retour de la revanche" ...

Vous vous impatientiez ?
Vous trouviez le temps long ?
Vous les espériez ? Les attendiez ?
Vous trouviez que, sans eux, la vie ne valait plus vraiment la peine d'être vécue ...

Bonne nouvelle : "ils" sont de retour !!!!  Qui ça, "ils" ?  Ben, les p'tits goûters contés, pardi !


Le samedi 13 septembre, à 17h ...

Ce sera "une journée extraordinaire !", car nous vous invitons à venir y découvrir, en avant-première, le nouveau spectacle du Théâtre des Gros Nez.  Avec une toute nouvelle technique de Kamishibai animé, inventée par notre marionnettiste préféré !
N'oubliez pas, bien sûr, d'y apporter vos contes et histoires préférés, selon la formule consacrée ...


Le joueur d'échec


Un intrépide guerrier avait volé toute sa vie de combats en ripailles, de victoires illusoires en amères défaites.  Arrivé au soir de sa vie, il se sentit fatigué de ces errances sans fin.

Il alla trouver, au fond d'une forêt, un vieil ermite dont la réputation de bonté et de sagesse était arrivée à ses oreilles.

Dans la hutte de branches où logeait le saint homme, le guerrier conta longuement ses rudes aventures.  Il lui confia qu'il était fatigué des méchancetés des hommes.

- Je vous veux pour maître.  Enseignez-moi le savoir qui illumine votre visage, supplia-t-il.

L'ermite lui conseille de méditer, il lui apprend à maîtriser son souffle et à conduire ses pensées.  Le guerrier remercie le maître, et rentre chez lui.

Une année passe, amère pour l'un, limpide pour l'autre.

Un matin d'été, le guerrier revient se plaindre auprès du saint homme.

- Malgré tous mes efforts, je n'ai fait aucun progrès.  Certes, je sais respirer et méditer, comme vous me l'avez appris.  Mais je suis toujours incapable d'amour.  Et comment pourrais-je aimer les autres et la vie qui m'entoure, si je ne sais pas m'aimer moi-même !

L'ermite, patiemment, lui donne de nouvelles leçons.  Il lui apprend à atteindre le fond paisible de son coeur.
Après 3 jours, le guerrier le quitte, empli d'une nouvelle espérance.  Il s'échine encore une pleine année, observe strictement les conseils de l'ermite, mais ne parvient pas à atteindre la paix de l'âme.  Il se sent plus malheureux qu'il ne l'a jamais été, et se demande si son existence n'est pas pire depuis qu'il a eu la sotte idée d'atteindre la sagesse.

Il retourne donc voir l'ermite, et lui reproche son incompétence.

- Vous n'avez pas su m'apprendre à aimer, je pense que vous êtes un imposteur !

L'autre ne s'offusque point.  Il écoute ses jérémiades avec une attention presque enfantine, puis se lève et va chercher, dans un coin obscure de sa hutte, un jeu d'échecs.
Il propose en souriant :

- Jouons ensemble une partie, mais qu'elle soit définitive et sans pitié.  Celui qui perd la partie devra mourir.  Son vainqueur lui tranchera la tête.  Es-tu d'accord ?

Etonnée, le guerrier regarde son maître, et voyant briller dans ses yeux une lumière de défi :
- d'accord, dit-il.

Ils sortent de la hutte, posent l'échiquier sur une pierre plate à l'ombre d'un grand arbre, s'assoient face à face et penchent leurs fronts plissés sur les pièces de bois.

Et la partie commence.

Le guerrier se trouve bientôt en mauvaise posture.  En six coups, il a déjà perdu 3 pièces importantes, et son roi est dangereusement découvert.  Il prend peur.  Bouleversé par la main de la mort qui sent s'appesantir sur sa nuque, il joue de plus en plus mal.  Après douze coups, il est au bord du gouffre.  Le regard suppliant, il lève les yeux vers son adversaire, et le voit impassible.
Assurément, cet homme n'hésitera pas un instant à exécuter la sentence s'il perdait.

Alors, l'esprit vertigineux, il tente de retrouver son sang-froid.  Il se dit qu'il est bon joueur, d'habitude.  "Je dois me débarrasser de ma peur", se dit-il, "c'est elle qui m'empêche de bien jouer."  Il s'efforça de respirer comme il avait appris, "la seule chose importante, c'est le jeu", se dit-il.

Et il s'absorba dans la contemplation de l'échiquier.  Il vit alors comment sauver son roi.  Il reprit espoir, oublia son effroi.

Après 18 coups, il avait repris confiance.  Après 24 coups, il découvrit une faille dans le jeu de son adversaire.

Il poussa un rugissement de triomphe :
- tu as perdu !

Il tendit vivement la main pour engouffrer sa reine dans la brèche, mais la laissa suspendu au-dessus du jeu.  Il regarda l'ermite.  Celui-ci était aussi impassible qu'à l'instant où sa victoire était proche.

Il se demanda alors : "pourquoi tuerais-je ce brave homme ?  Il aurait pu facilement gagner la partie, quand la peur me tenaillait, et il ne l'a pas fait.  Quelle fauve serais-je si j'abattais mon sabre sur son cou ?".  Il grogna, et poussa de la main un pion inutile.

Alors, l'ermite renversa d'un geste brusque l'échiquier dans l'herbe.

- Il faut vaincre d'abord la peur.  Ensuite peut venir l'amour, dit-il.  As-tu compris à présent ?

Le guerrier, enfin délivré, éclata de rire.  Il savait à présent comment goûter la vie !

Les 7 laits



Cette histoire est arrivée en des temps très anciens, dans un pays de sable brûlé par le soleil.  Y régnait alors  un sultan rempli d'orgueil ...
Ce sultan était marié, et sa jeune femme attendait un bébé.  Le sultan voulait un fils.  Un fils pour lui succéder, un fils fabuleux, un fils à l'image de son père, un fils qui deviendrait un roi craint et respecté.  
Au fil des mois, le ventre de son épouse s'arrondit.  Déjà elle gazouille des mots d'amour en caressant son ventre.  Cela agace le sultan au plus haut point : son fils deviendra une mauviette en écoutant de telles fadaises !
Aussi ordonne-t-il à son épouse de se taire.  Et il convoque les plus grands savant pour donner des leçons de mathématiques et de philosophie politique au ventre de son épouse. 
Quelques semaines plus tard, la sultane met au monde son bébé.  Un fils !  C'est un fils !  Le sultan est fou de joie.  Il décrète que qu'aucune femme au monde, pas même sa mère, n'est digne de nourrir un être aussi exceptionnel !
Son vizir s'étonne :
- Seigneur, quelle nourriture est meilleure pour un petit que le lait de sa mère ?
- Il sera nourri comme nul enfant, jamais, ne l'a été.  Sept laits vont nourrir mon enfant et lui donner les sept vertus qui feront de lui un souverain d'exception. Le lait de tigresse le rendra puissant comme un tigre; le lait de l'éléphante lui donnera l'intelligence et la mémoire de l'éléphant; le lait de la jument le fera beau comme un étalon; le lait de la chamelle lui donnera la sobriété du chameau et le lait de l'ourse la force d'un ours; en buvant le lait de la hase il acquerra la vitesse du lièvre, tandis que le lait de la chatte le rendra adroit comme un chat. Tel sera mon fils, en tous point parfait. 


Et il fut fait ainsi que l'avait décidé le sultan.

On sépara l'enfant de sa mère, qui en mourut de chagrin.
 

Nourri aux sept laits, l'enfant grandit, devint adolescent, puis jeune homme. Approchait pour lui le moment de prendre femme, et son père cherchait de par le monde une princesse digne de devenir l'épouse de son fils.
Or, en ce temps-là, la fille unique d'un roi de Boukara voisin parvint à l'âge où l'on se marie et son père convia à une fête tous les jeunes hommes vaillants et valeureux pour que la belle princesse puisse choisir parmi eux son époux.
En apprenant cela, le sultan dit à son fils :
- Cette fiancée te convient, mon fils ! Elle est noble et belle. Va et ramène-là, car tu vas briller au milieu des autres comme la lune resplendit au milieu des étoiles !
Ne voulant pas rater une miette du triomphe de son fils, le sultan l'accompagna, avec une nombreuse suite.  Ahmad, le fils du vizir l'accompagnait.  Il avait le même âge que lui et lui servait de confident et garde du corps. Pendant quarante jours ce fut la fête. Les festins succédaient aux chasses, les danses aux compétitions, les courses de chevaux aux concours de musique. Dans chaque épreuve, le fils du sultan s'efforçait de surpasser les autres. 
Et à la fin du quarantième jour, la princesse s'adressa à tous les jeunes gens et leur parla :
- Soyez remerciés vous tous, qui êtes venus ici et qui avez rivalisé de force, d'adresse et de courage. Tous, vous êtes digne d'amour, mais un seul a ravi mon coeur.   
Déjà, le fils du sultan, sûr d'être l'élu, s'avançait, le front haut et l'air arrogant.
- Ahmad, fils du vizir, dit la princesse d'une voix douce, tu possèdes déjà mon coeur, acceptes-tu de m'épouser ?
En apprenant cela, le sultan entra dans une violente colère. 
Il demanda raison au roi de Bokhara et le menaça :
- Le choix de ta fille nous insulte ! Non seulement elle a refusé mon fils, mais elle lui a préféré son serviteur. Pareil affront demande réparation, seul le sang peut laver une telle injure !
Le roi était un homme sage. Il dit :
- Je comprends ta colère et ton chagrin de père. Et c'est en père que je vais te parler. Ton fils, hélas, est féroce comme un tigre et lâche comme un lièvre; laid comme un chameau et balourd comme un éléphant, il est stupide comme un ours et perfide comme un chat. D'autre part, il est aussi instable et ombrageux qu'un cheval rétif. Sois honnête et réponds-moi en père : pouvais-je rêver pour ma fille d'un tel prétendant ?
 

Toute colère quitta le coeur du sultan.  Il ne restait plus que le chagrin. Il demanda, plein d'amertume :
- Quel est donc le lait qui a nourri le fils de mon vizir pour le rendre digne de ta fille ?
Le roi de Boukara répondit doucement :
- Le sein de sa maman l'a nourri de lait et d'amour. Et il est devenu un homme.


A ces mots, accablé, le sultan courba la tête.