mardi 16 octobre 2012

Cendrillon à la baguette magique

Une version de Cendrillon que j'adore, bien loin des stéréotypes de Disney !  Un conte adapté du "livre des contes", de Ludwig Bechstein, et que j'ai un plaisir fou à raconter ...
Il était une fois un veuf riche qui avait une fille unique, qu'il aimait par-dessus tout.  Il lui donnait tout ce qu'elle souhaitait, car il n'y avait pas de plus grande joie pour ce brave homme que de lui faire plaisir.
"Père, offrez-moi une robe d'argent et je vous donnerai un baiser !".  Aussitôt, la jeune fille reçoit la robe et le père un baiser.
Trois jours plus tard ...
"Cher Père, offrez-moi une robe d'or ! demande-t-elle peu après, et vous aurez deux baisers."  Et son père lui offre une robe d'or, et reçoit deux baisers.
Trois jours plus tard ...
"Très cher Père, offrez-moi une robe de diamants et je vous donnerai trois baisers !".  Le pauvre homme soupire : "Tu l'auras, ma chère petite, mais tu me ruines."
Et le père lui offre une robe de diamants.  Elle lui saute au cou avec gratitude, l'embrasse trois fois.  Mais trois jours plus tard, elle s'écrie : "Père bien-aimé au coeur d'or, je veux maintenant une baguette magique !  Et je serai pour toujours ta petite fille adorée !"
- Mon enfant, je ne possède pas une telle baguette !
- Je veux une baguette magique, ou je mourrai !
Et le père, emportant le reste de sa fortune, part en voyage en quête d'une baguette magique.  Hélas, nul marchand n'en vend !  On lui renseigne un pays lointain, dans lequel un vieux magicien en possèderait une ...  Le père tout heureux se rend en ce lointain pays, se rend chez le magicien, propose tout l'or de sa bourse.  "Elle n'est pas à vendre.  Si tu le désires, je peux te l'offrir.  Mais prends garde : celui à qui je la donnerai sacrifiera son âme et mourra trois jours plus tard !"
- bien, répondit le père, pour l'amour de mon enfant, je ne redoute pas le sacrifice exigé.  Donnez-moi la baguette !".   Le vieux magicien exauce sa demande, et le trop tendre père rentre chez sa fille.

Lorsque la jeune fille reçoit des mains de son père la baguette magique, sa joie est immense ... mais au bout de trois jours, voici qu'elle désire autre chose !
Elle a entendu parler d'un très beau prince, très riche et digne d'amour, habitant une lointaine contrée, et elle le veut pour mari !
Son père lui répond : "ma très chère fille, tes caprices m'ont ruiné.  Je t'ai donné tout ce que je possédais, et pour ta baguette magique, j'ai sacrifié mon corps, ma vie et même mon âme.  Procure-toi toi-même le prince que tu désires, sois heureuse et souviens-toi de moi avec tendresse".  Sur ses mots, il incline la tête et meurt.  Et il ne reste à la jeune fille que ses larmes pour pleurer. 

Ne possédant ni argent, ni bien, ni parent, la jeune fille revêt un vêtement en peau de corneille.  "Baguette, emmène-moi chez le prince".  D'un coup de baguette magique, elle s'envole, emportant ses trois robes précieuses, d'or, d'argent et de diamant, et se retrouve dans le parc du château du prince. A travers les troncs d'arbre, elle voit briller les lumières du château.  De sa baguette, elle frappe le tronc d'un énorme chêne, souhaitant y trouver une chambrette où elle pourrait se changer et ranger ses précieuses robes.  Elle s'y cache, y range ses précieuses robes, prend l'apparence d'un jeune garçon et, vêtue de sa peau de corneille, se présenta aux cuisines du château pour s'y faire marmiton.
Le cuisinier a pitié de sa triste mine ...  "Tu t'occuperas du feu, l'allumeras de bonne heure, veilleras à ce qu'il ne s'éteigne pas.  Tu brosseras les habits du prince, et cireras ses bottes.  En échange, tu mangeras à ta fin tous les jours", lui propose le cuisinier.  "Comment t'appelles-tu, jeune homme ?".  Songeant aux cendres grises dans la cheminée , la jeune fille répond d'un air enjoué : "Cendrillon, pour vous servir !"

Au bout de quelques jours de labeur, Cendrillon aperçoit par la fenêtre le prince qui rentre de la chasse.  Il est si beau et de si noble allure qu'aussitôt Cendrillon tombe amoureuse.

Elle a entendu que, dans un château voisin, un mariage était célébré, et que le prince se rendrait, 3 nuits durant, au bal des noces.
Cendrillon demande au cuisinier la permission de se rendre à ce château pour y regarder les vicomtes et les archiduchesses danser.  Comme la cuisine est en ordre et les cendres bien nettoyées, le cuisinier lui donne la permission de s'absenter, "mais sois rentré avant le douzième coup de minuit, sinon la porte sera fermée à clef".

Aussitôt Cendrillon se précipite vers le grand chêne, enfile sa robe d'argent.  De sa baguette magique, elle change une pierre en carrosse, deux scarabées en chevaux et une rainette en cocher.  Cendrillon s'assied dans le carrosse qui part comme s'il volait.  Lorsque la splendide jeune fille entre dans la salle de bal, tous sont éblouis par sa beauté.  Le prince l'invite à danser et il tombe éperdument amoureux de cette belle inconnue...

Après quelques rondes, Cendrillon entend sonner le premier coup de minuit ...  Aussitôt, elle se précipite vers son carrosse, et disparaît grâce à la formule :« Qu’il fasse sombre derrière moi et clair devant moi;  Que personne ne sache où je vais ! ».

Devant le mystère de sa belle cavalière et de sa  disparition, le prince est troublé...  Le lendemain, il se lève de fort méchante humeur !

Cendrillon qui a remis sa peau de corneille doit nettoyer et cirer les bottes du prince. Mais tout à ses rêves et souvenirs de bal, elle n'aperçoit pas une tache qui a échappé à sa brosse à reluire !  Lorsque le prince aperçoit la tache mate sur sa botte, il entre dans une violente colère, et traite son marmiton d'incapable et de bon à rien !  Vexée, Cendrillon retourne dans la cuisine, bouder près de sa cheminée ...

Mais le soir ...  elle a très envie de retourner au bal.  Comme la cuisine est en ordre et les cendres bien nettoyées, le cuisinier autorise Cendrillon à s'absenter ce soir encore, pour autant qu'il soit rentré avant le douzième coup de minuit.

Aussitôt Cendrillon se précipite vers le grand chêne, enfile sa robe d'or.  De sa baguette magique, elle change la pierre en carrosse, les scarabées en chevaux et la rainette en cocher.  Le visage du prince, maussade, s'illumine lorsqu'il aperçoit sa belle inconnue, qui lui semble plus belle encore que la veille...  "D'où venez-vous, jeune beauté ?" "Du royaume de  Souillebotte ! », répond malicieusement la jeune fille.

Dès que résonnent les premiers coups de minuit, Cendrillon s'échappe.  Grâce à sa formule magique, personne ne peut la suivre.

Le prince, dépité, interroge son premier ministre.  Où se trouve donc ce royaume de Souillebotte ?  Hélas, ce dernier ne le sait pas, malgré son salaire élevé. Le Prince irrité, le traite d'incapable ...
Le lendemain matin, lorsqu'il enfile son habit que Cendrillon avait brossé, il y découvre quelques poussières.  Cendrillon, vêtue de sa peau de corneille, se précipite avec une brosse... Furieux, il la lui lance à la tête en hurlant.  Et Cendrillon, furieuse, retourne bouder près de la cheminée !

Mais le soir ...  ses pieds, malgré elle, esquissent quelques pas de valse ...  Elle a bien envie de retourner danser ! Cendrillon reçoit la permission, pour la dernière fois, de s'absenter jusque minuit.  Cette fois, elle enfile sa robe de diamant.  De sa baguette magique, elle change la pierre en carrosse, les scarabées en chevaux et la rainette en cocher.  Le prince attendait, impatient, qu'elle vienne...  "Comment vous appelez-vous ?" « Cinerosa Brossealatête ». Le prince, bien ignorant, ne reconnait pas le nom latin de Cendrillon, mais il trouve ce nom très beau.  En gage d'amour éternel, il passe un anneau de fiançailles au doigt de Cendrillon. Cendrillon rougit.  Troublée, elle n'entend pas sonner les premiers coups de minuit ... Au dernier coup, elle se sauve ... Saute dans son carrosse, récite sa formule magique.
C’est déjà l’aube, et Cendrillon, qui n'a plus te temps de se changer, recouvre sa belle robe de diamants de sa peau de corneille.

Le prince qui l'avait suivie sans la voir mais en écoutant le bruit de son carrosse, se retrouve avec étonnement dans le parc de son propre château.  Tout cela est bien étrange ...
Il est au désespoir, car il a perdu la trace de celle qu'il aime...  Il appelle son Grand Chambellan : connait-il cette famille, certainement prestigieuse, de Brossealatete ?  Hélas, le Grand Chambellan n'en a jamais entendu parler ...  Le prince, abattu et amer, demande que lui soit servi son petit déjeuner...
Quel n'est pas son étonnement lorsqu'il manque de s'étrangler en avalant son chocolat chaud : au fond de la tasse, il trouve l'anneau qu'il a mis au doigt de sa belle inconnue pendant le bal !

Il se précipite aux cuisines : "Qui a préparé mon chocolat ?".   "Seul Cendrillon était présent, Majesté", répond le cuisinier.  Le prince, surpris, observe Cendrillon, déguisée en garçon.  Quand soudain, à travers les plis de la peau de corneille usée, le prince voit étinceler la robe du bal.  Ébloui, il reconnait sa bien-aimée.
Vous devinez la suite, n'est-ce pas ? Le cuisinier ne s'est pas encore remis de sa surprise, lorsqu'il vit le prince se mettre à genoux et demander la main de son marmiton !  Et plus encore de se voir nommer Sénéchal de la cour.  C'est ce que Cendrillon a demandé au prince avant de se marier, pour remercier le cuisinier de  l’avoir accueillie et traitée si gentiment, lorsqu'elle n'était que que le pauvre Cendrillon ...